S'affranchir du regard des autres pour vivre libre

Publié le par Mlle Meyer

Avant j'étais une personne très sensible, la moindre remarque, la moindre critique me mettait dans tous mes états. Je ruminais le mot, la phrase, la blague, prononcé par un proche, un collègue, un inconnu, pendant des heures, des jours, voire des semaines. Les mots des autres me touchaient au plus profond de moi et provoquaient des maux terribles. Je découvrais à cette époque ô combien la parole peut être source de douleur, une douleur aussi forte qu'une blessure physique.

C'était plus fort que moi, j'accordais une importance démesurée à ce que l'on pensait ou pouvait dire de moi. A n'en point douter, cette attitude résultait d'un manque d'estime de moi même. Je n'arrivais à m'apprécier que si les autres m'appréciaient. Dans la négative, lorsque je n'avais pas la reconnaissance d'autrui, je me dépréciais et me repliais sur moi même.

Je voulais qu'on m'aime, pour être plus précise, je voulais que tout le monde m'aime. Je n'avais guère conscience du caractère irréaliste de ce souhait. Il est particulièrement difficile d'influencer son propre comportement, de s'inscrire soi même dans une démarche de changement, lorsque les habitudes sont bien ancrées. Comment pouvais- je donc souhaiter influencer le comportement des autres afin qu'ils m'aiment? Et pourtant je me battais pour cela. Une lutte vaine en somme. Le combat d'une fourmi contre un éléphant.

J'ai passé de nombreuses années de ma vie à souhaiter que les autres m'apprécient alors qu'ils ne me voyaient qu'à travers une indifférence polie. Je me posais souvent la question: pourquoi je ne compte pas à leurs yeux, pourquoi suis-je si transparente? 

Certains jours je me trouvais sociable, drôle, je trouvais mes interventions intéressantes. Ces jours là je me sentais encore plus frustrée lorsque je me heurtais à l'indifférence des autres, car malgré mes efforts, je n'obtenais pas de résultat. C'était comme ci tous ces gens autour de moi s'étaient forgés une première impression négative sur moi, et qu'ils avaient décider de ne jamais la remettre en cause. La première impression lorsqu'elle est mauvaise agit comme un prisme à travers lequel les autres vous regardent par la suite. Elle devient le cadre de référence à travers lequel on vous jugera. Au premier abord, j'apparaissais comme une personne discrète et réservée, les autres me rangeaient donc dans la case discrète et réservée. Une case dans laquelle je me sentais condamnée à perpétuité.

J'en venais à redouter le moindre contact avec les autres, car je savais que chaque interaction était porteuse de risque: le risque que je fasse mauvaise impression, le risque qu'à la suite de quelques échanges, l'autre m'ignore car me trouve sans intérêt.

J'étais victime de la liaison dangereuse que je créais moi même entre ma valeur et le regard des autres. Ma valeur perçue par moi-même dépendait du résultat de mes expériences avec les autres. Les jours où je relevais des marques de sympathie de la part des autres, j'allais bien, j'étais joyeuse et souriante, j'aimais la vie, par contre, les jours où je sentais que les autres m'étaient indifférents, ne s'intéressaient pas à moi, ne me voyaient pas, ces jours là, je doutais profondément de ma valeur, je me sentais mal dans ma peau, je n 'étais pas bien et ma négativité se répandait sur mon entourage.

Heureusement, un jour, je me suis rendue compte que je ne pouvais plus baser ma vie sur les autres. Je me suis rendue compte que je devais reprendre le contrôle sur ma vie si je voulais accéder au bonheur. Le bonheur est quelque chose que l'on construit en soi, pour soi, et non pas un élément que les autres nous apportent sur un plateau. Le bonheur est un état d'esprit indépendant des circonstances matérielles dans lesquelles on est amené à évoluer. C'est ce qui explique que certaines personnes de milieu modeste, sont parfois plus heureuses dans leur vie que des multi-millionnaires.

J'ai soigné mes ruminations mentales. J'ai stoppé le disque rayé qui tournait en boucle dans ma tête. Aujourd'hui je ne ressasse plus les événements négatifs, je ne me préoccupe plus du jugement d'autrui, je ne recherche plus son amour. Je vis ma vie sans rechercher l'approbation de quiconque. Le regard de l'autre n'est plus cette épée de Damoclès que j'avais au dessus de la tête et que je redoutais comme un couperet.

Aujourd'hui je peux l'écrire, je me sens enfin libre et heureuse. Ma vie est entre mes mains. Je m'aime de manière inconditionnelle. 

J'utilise l'écriture comme une thérapie salvatrice. Je m'évertue à enrichir chaque jour mon vocabulaire afin d'exprimer ce que je ressent avec plus de justesse, de profondeur et de clarté. L'écriture me sert aussi de distraction afin de chasser les ruminations mentales et les pensées négatives qui pourraient ressurgir épisodiquement.

Si je focalisais tant jadis sur des événements insignifiants, des gouttes d'eau dans un océan auquel je donnais des proportions démesurées, c'était parce que mon esprit n'avait pas suffisamment d'occupations.

Le manque de distractions provenait du fait que ma vie n'était pas si pleine que cela. Il n'y avait pas de nouveauté, j'étais dans une routine métro- boulot- dodo. Mes liens sociaux étaient fragiles, mes interactions sociales peu nombreuses. Dans ces conditions, avec une vie que je qualifierais de presque vide, à l'image de ce verre que j'aurais dû voir à moitié plein, le moindre événement négatif était le seul os à ronger pour mon cerveau, ce qui était très mauvais sur le long terme.

Aujourd'hui tout à changé, ma vie est remplie, je me plais dans ma nouvelle passion pour l'écriture. Je prend plaisir à améliorer mon style de jour en jour. Je prend plaisir à lire beaucoup afin d'affiner ma plume. Je prend plaisir à savourer chaque jour qui passe. Je prend plaisir à vivre pour moi. Je suis reconnaissante de tout ce que la vie m'a donné, du fait d'être en bonne santé, d'être jeune, d'avoir encore de belles années devant moi.

Je ne vis pas dans le regret des années passées. Je ne vis pas dans le regret d'avoir sacrifié ma liberté sur l'autel du regard de l'autre. Les erreurs du passé ont ce mérite de contribuer à notre construction personnelle, elles nous forgent par les enseignements que l'on en tire.  

Ma vie est belle telle qu'elle est, et mon avenir s'annonce sous les meilleurs auspices. Je construis à la force de mes convictions, l'escalier qui me mènera au bonheur.

Publié dans réflexions

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